
Elle allait me pourrir mes jolis sièges en cuirs et rien que pour cela, déjà je lui en voulais.
-Je vais un peu mouiller tes beaux sièges en cuir, j’en suis désolée très sincèrement, mais cette neige tu sais nous avons rarement vu cela dans cette région.
-Mais non mais non ne vous en faites enfin ne t’en fais pas, ce n’est qu’une voiture, rassure toi je ne m’attache plus à ce genre de détails.
Et en plus je lui disais n’importe quoi, mais bon va expliquer à une inconnue de cet âge ton amour pour les belles mécaniques, le confort intérieur d’une voiture, elle ne comprendrait certainement pas.
-Tu viens en pèlerinage ?
Mais que me veut-elle ? En pèlerinage, pourquoi emploie-t-elle ce terme ?
Comment sait elle que je viens ici quelquefois ?
-Pourquoi en pèlerinage ?
-Ho je sais que tu viens souvent ici quand ça ne va pas chez toi, dans ta vie, dans ta tète, tu viens te ressourcer comme lorsque tu étais ado. Alors c’est quoi qui ne va pas cette fois-ci ?
Je sentais au fur et à mesure que le temps passait que cette fille à coté de moi était ou plutôt n’était pas quelqu’un que j aurais du prendre en stop ;mon 6ème ou celui que tu veux de sens me disait que je me retrouvais pris au piège d’une pseudo inconnue, et même si j’avais cette douce impression malsaine à la fois de vivre et de rêver, je n’arrivais pas à maitriser suffisamment cet instant, pour me dire dans une sorte d’instinct de survie, de me réveiller et de sortir de cette moitié de cauchemar.
A la fois gêné et en même temps soulagé de me retrouver aux cotés d’elle, je me dis qu’après tout si elle voulait parler autant lui donner pleine satisfaction.
-Je ne sais comment vous enfin… tu sais tout cela de moi mais effectivement, je viens non me ressourcer mais surtout me reposer, et je vous assure enfin je t’assure, que contrairement à ce que tu imagines, tout va bien, j’ai juste besoin de repos, et je ne pense pas que cela puisse bien s’apprécier dans le cas présent à deux ; donc essaye de te faire la plus discrète possible car je n’ai prévu ni de partager mon temps, ni mes pensées.
-Tu n’as que cette musique et cette chanteuse à me proposer ? C’est parce qu’elle a ton âge que tu aimes Mylène Farmer ?
La route devant moi devenait de plus en plus difficile, ma conduite assez approximative vu les conditions météos et j’avoue aussi l’agacement provoqué par la présence et les commentaires de cette passagère.
-Tu ne veux pas me répondre ? mes questions t’agacent non ?
-Tu peux me donner ton prénom, non que je veuille absolument le savoir, mais pour mon récit, c est mieux ça évite les répétitions et je suis à cours de synonyme, tu comprends ?
Un œil sur la route ou du moins ce qu’il en restait, et discrètement je vis son sourire illuminer son visage.
-Je veux bien te rendre ce service, et pour te simplifier ton récit, nous dirons que je m’appelle VIVI, simple d’utilisation et facile à écrire, ca te va ?
Et elle se foutait allègrement de moi. Vivi est ce que c’est un prénom ?
-Tu vas penser que ça n’est pas un prénom Vivi, mais encore une fois c’est pour te simplifier les choses.
-Je te remercie Vivi. Quel âge as-tu ? Que fais-tu ici ?
-Mon âge n’a que peu d’importance, et je suis ici pour te rencontrer tout simplement, une dernière fois.
-Une dernière fois que veux-tu dire ?
Je tournais ma tète vers elle et la vis et l’entendis rire d’une façon sereine et heureuse, et c’est à ce moment la que j ai compris que la voiture quittait la route dans ce dernier virage.
Daniel VIDAL