Dès mon premier regard posé sur elle, j’étais fasciné, par cette fabuleuse harmonie que je pouvais apercevoir de ma place, dès que je tournais ma tète pour la regarder.
Je ne me suis pas aperçu immédiatement de son changement, et pourtant, plus les jours avançaient et plus je la voyais évoluer, marier ses couleurs avec le temps qui passe.
Dès que je m asseyais, mon premier travail était de voir si elle était toujours la, et un plaisir immense m’envahissait dès que je la retrouvais.
Je savais qu’elle ne me voyait pas ; comment aurait elle pu me reconnaître parmi tous ces visages, tous ces yeux posés sur elle.
J’appréciais incognito sa transformation, et chaque matin, de ma place, juste en tournant mes yeux protégés par une vitre quelquefois un peu sale, je la repérais et j’étais heureux de voir qu’elle était toujours la, à la même place, elle semblait m’attendre.
Dun vert très profond, petit à petit le temps l’a transformé, et elle n’en devenait que plus jolie chaque matin.
Je me posais souvent la question comment elle pouvait faire pour se transformer de la sorte, changer sa couleur d’origine, somme tout banale, en des couleurs d’une beauté insoupçonnée, passant de cette couleur froide, vert Hollywood chewing gum, à de plus en plus de couleurs chaudes, vers un rouge éclatant qui chaque seconde m’émerveillait de plus en plus.
De temps en temps, une brise légère modifiait son aspect, avec un jeu de lumière naturelle qui la faisait apparaître rouge, rouge vif, marron foncé, bref une multitude de couleurs que je ne retrouvais que chez elle.
Et puis un beau matin, un petit vent un peu plus fort que les autres, l’emporta et mon désespoir dut se lire sur mon visage car à ce moment la il vint à coté de moi et me dit :
« Mr VIDAL, depuis plusieurs jours je vous observe, et j aimerais que vous alliez au tableau devant vos camarades nous expliquer la différence entre un angle aiguë et un angle obtus »
J’ai compris à cet instant, qu’un prof de math ne serait jamais un poète.
J’ai compris à cet instant, le monde qui me séparerait tout ma vie des mathématiques et de la beauté de la nature, et ne pouvant lui expliquer que pendant ses cours, j’avais préfère suivre la transformation de cette magnifique feuille de platane, en plus d’un zéro, je récoltais 2 heures de colle.
La vie est quelquefois terrible quand tu imagines que ton aversion profonde pour les mathématiques, n’a tenu qu’a une feuille.
Je n’en veux pas à ce prof, il faisait son job, je le plaignais tout simplement de ne pas voir la beauté qui était autour de lui ; peut être c’est vrai m’aurait il expliqué d’une manière scientifique, comme peut le faire Ecosia aujourd’hui hui, pourquoi une feuille verte, devient rouge en si peu de temps, mais ce n’était pas au programme ; peut être aurait il pu m’expliquer que je n’étais pas la pour rêver, mais pour apprendre.
Depuis toute ces années, en cette saison à la fois fabuleuse et frustrante que peut être l’automne, je me plais à contempler, cette fois ci sans danger d’heures de colle , cette transformation fabuleuse de la nature , cette beauté que tu découvres chaque jour qui passe avec ce mariage fabuleux de couleurs que les plus grands peintres ont pu à peine approchés malgré tout leur talent.
Je me souviens que malgré ma punition, j’avais essaye de retrouver dans la cour cette feuille qui à la fois m’avait tant couté et m’avait tant émerveillé.
Je l ai toujours entre deux feuilles d’un cahier, souvenir du temps passé, souvenir de mon aversion profonde pour les mathématiques, et de mon amour pour la nature.
Daniel VIDAL