Nos yeux se sont croises et j’ai pensé dans l’instant à la chanson de Brassens, les passantes, chanson
merveilleuse ou tout peut se réaliser dans le fantasme de quelques secondes à travers un sourire, un mot,
un regard, un bonjour, un « à bientôt », un « bonne journée », bref l’ensemble de ces banalités auxquelles
tu n’apportes aucune attention sur le moment et qui te reviennent bien des années après, avec le regret
d’être passé a côté peut être de l’essentiel.
L’ensemble était à la fois magnifiquement séduisant et atrocement inaccessible.
Séduisant car sa beauté, sa sensibilité, sa sensualité étaient telles qu’on pouvait ressentir à la première
vision, tous ces sentiments mêlés.
Inaccessible, car les femmes sont si secrètes par nature, qu’il est difficile surtout en passant 20 ans à coté
de la sienne de les connaitre vraiment.
La couleur magnifique de ses yeux était déjà un signe de séduction, et la profondeur, la gentillesse la
sensibilité de son regard ne pouvait qu’inciter à mieux la deviner, et toute l’interrogation était de savoir
comment.
Une passante dans toute sa splendeur, dans tout son anonymat, et que pourtant tu as envie à la fois de
suivre et d'emporter pour vivre quelques moments à ses cotés.
Une inconnue que tu croises, non par hasard mais par bienveillance de la vie.
Cette vie, qui à l’instant précédent te paraissait banale devient tout à coup un cadeau de la nature, car enfin
ce regard, te redonne l’envie de te battre, d’aimer, de construire, en un mot, de vivre et à un certain âge
j’ose l’avouer de Revivre.
Instants éphémères de bonheur supposé qui te permettent de croire encore à l’instant et à la magie du destin
qui veut te transmettre l’envie et la force de tout.
Tu souhaites et tu ne sais encore pourquoi l’emmener sur ta route, même si celle-ci sera plus courte, elle
pourrait être enfin partagée.
Tu sembles renaitre d’une longue traversée du désert, et une seconde, (mais quel bonheur cette seconde) tu
te crois sur le pont du Titanic à hurler : »I’m the King of the world », et pour ce rêve fabuleux, merci.
Daniel VIDAL